Jennifer

« Je ne connaissais pas du tout et en fait, je me suis vite plue »

  • Venue d’Aix-en-Provence
  • Infirmière coordinatrice en EHPAD

L’interview !

J’ai fait mes études en Belgique et après les études, je ne savais pas trop où je voulais aller. Je me suis retrouvée ici parce que j’ai croisé quelqu’un qui était d’ici, je connaissais pas du tout, même pas le nom du Département et en fait, je me suis vite plue, la qualité de vie m’a vite marquée, et j’ai rencontré mon mari actuel qui lui est Aveyronnais et m’a encore plus donné envie de rester ici.

  • Le marché du travail qui est ouvert. Moi, j’ai pu essayé 5 travails différents, enfin 5 endroits différents depuis que je suis ici, donc c’est moteur.
  • La qualité de vie parce que, pour se loger, c’est facile. On a accès à tout, on est à la campagne tout en ayant des villes à proximité.
  • Les gens. Quand on arrive, on se dit : « whouah, c’est un peu froid » mais en fait, les gens, ils savent nous accueillir et nous montrer à quel point on est intégré quand c’est fait. C’est sincère, moi qui viens du Sud-est, j’ai vraiment trouvé une différence de mentalité.

Le climat, car je suis arrivée en plein mois de janvier (rires). Puis après, finalement non, ça s’est fait vraiment naturellement et facilement. Je me suis vite intégrée car je me suis mise dans le rugby qui est présent ici du coup. Ca permet d’avoir un réseau et le fait d’être intégrée par le rugby, ça m’a ouvert des portes, des connaissances. Les gens, ils n’hésitent pas après à te dire « Moi, je connais quelqu’un… ». Ici c’est très comme ça : le bouche à oreilles.

Le travail en EHPAD, c’est la relation humaine, c’est le fait de pouvoir s’investir sur une longue durée et ça entraîne une réciprocité.

C’est pouvoir créer de vrais liens avec les résidents, créer des liens avec l’entourage, à l’extérieur. Moi, ça me permet d’amorcer beaucoup d’échanges avec ce qu’il se passe à Bozouls, ce qu’il se passe à Rodez, et de leur permettre d’avoir accès à plein de choses.

Et en fait, la personne âgée est souvent dénigrée mais on oublie qu’ils ont toute leur vie, toute leur expérience, qu’ils connaissent beaucoup de choses, qu’ils ont beaucoup de choses à nous apprendre et à nous raconter. On ne peut que les aider, les accompagner s’ils vivent des choses difficiles. C’est vraiment une autre approche, c’est du vrai lien et du vrai relationnel.

J’ai plein d’expériences qui m’ont touchée. Après ici, ce qui m’a marqué, c’est une dame, c’est assez récent : j’étais là le jour de l’accueil, j’ai été la rencontrer dans l’hôpital où elle était avant son entrée parce qu’on va les rencontrer avant pour leur expliquer comment ça se passe. Et j’y vais avec le professionnel adapté en fonction du profil de la personne : la psychologue, l’ergo, l’infirmière, une aide-soignante. Donc cette dame? j’ai été la voir, j’étais là le jour où elle est arrivée, j’ai pu l’accueillir, je lui ai fait visiter, je l’ai amenée dans son domicile, j’ai rencontré sa famille, j’ai pu expliquer notre travail à la famille. Elle s’est dégradée à plein de niveaux? assez vite. Mais c’était une relation… Elle avait des troubles cognitifs donc c’était une relation sincère, il y avait pas de filtre, c’était très tactile, c’était très sincère. Et cette personne-là, je l’ai accompagnée jusqu’au bout. Et là, j’ai eu l’impression de faire mon travail de A à Z, de l’accompagner sous toutes ses formes, aux moments où elle avait besoin de moi, sous différents aspects. A un moment c’était de l’écoute, de la réassurance et puis juste de la présence puisqu’à la fin il n’y avait plus d’échanges verbaux. Et après, d’avoir un lien avec la famille, qui est revenue, qui nous ont dit à quel point ils étaient contents. Donc ça, c’est des choses qui nous marquent parce qu’on est là sur une ou plusieurs étapes importantes.

C’est l’essence de notre travail en fait…